Journal œconomique ou mémoires, notes et avis sur l’Agriculture
..., les Arts, le Commerce, & tout ce qui peut avoir rapport à la santé, ainsi qu’à la conservation & à l’augmentation des biens des familles, &c.
14 volumes In-8, pleine basane de l’époque en reliure uniforme, dos à nerfs ornés, pièce de titre et de date (mois et année de parution des 14 volumes, chacun contient deux publications : avril-mai 1755, juin-juillet 1755, aout-septembre 1755, octobre novembre 1755 ; janvier-février 1756, mars-avril 1756, mai-juin 1756, juillet-août 1756, septembre-octobre 1756 ; janvier-février 1757, mars-avril 1757, mai-juin 1757, septembre-octobre 1757, novembre-décembre 1757), ex-libris gravé contre collé au dos des premiers plats, ex-libris manuscrit sur les pages de titre (« Bailly »), signets, coiffes frottées, quelques accidents sur plusieurs ouvrages.
Le Journal œconomique est reconnu par les historiens (comme Françoise Daumalle et Christine Théré) de l’économie politique et en particulier des périodiques pré- et post- physiocratiques non seulement comme initiateur mais surtout comme le véritable acte de naissance des théories économiques modernes.
En effet, sous la directe impulsion de la société créée par Vincent de Gournay, cet organe a été créé et animé principalement par le littérateur Butel-Dumont à l’époque principalement intéressé par les affaires commerciales avec l’Amérique et futur auteur à l’époque Turgot de la théorie du luxe. Initialement, le propos était d’une façon classique de continuer la tradition de la définition de l’économie par une gestion théorique et pratique d’une agriculture au service de l’État. Une mutation s’effectua dès l’année 1755 par irruption dans le champ rédactionnel de questions commerciales, industrielles et administratives concernant surtout le commerce des grains, du pain, des toiles peintes. A ce moment où, en Angleterre, les idées de Cantillon qui murissaient depuis 1734 étaient sur le point d’être publiées, une nouveauté essentielle fut introduite dans le périodique ; il s’agissait de l’ « Avis œconomique d’Angleterre ». Sous cet aspect anodin, une révolution intellectuelle se produisit par l’arrivée massive d’informations réellement économiques plus que pratiques.
Ce fait mérite d’être souligné car il repose la question du paradoxe historique entre la primauté de l’Angleterre ou de la France dans les idées qui aboutissent à l’économie moderne. Les historiens sont divisés sur ce point car autant sont classiques les affirmations de la primauté d’Adam Smith sur l’économie libérale (alors qu’il fut montré assez récemment que La richesse des nations était très redevable au physiocrate Victor de Mirabeau), autant l’influence de l’Angleterre de Cantillon sur l’origine de la presse économique française a probablement été sous-estimé.
L’avant-propos de 1757 peut être considéré comme une volonté de rupture quasi définitive avec le colbertisme et comme la volonté de donner une primauté à l’agriculture et aux arts nécessaires. « La santé de l’État consiste dans l’Agriculture et les Arts de nécessités ; sa force dans le militaire et c’est du Commerce qu’il reçoit l’embonpoint […] S’il y a de l’inconvénient à être sans Commerce, il n’est pas moins dangereux d’en avoir trop. […] Les suites d’un Commerce trop florissant sont de plonger les citoyens dans le luxe, de confondre les conditions, de donner à l’opulence le pas sur la vertu et de faire préférer les richesses à l’honneur. »
Le même volume présente dans les extraits des Lettres d’Angleterre le texte : « Il y a telle espèce de taxes et d’impôts publics qui augmentent plutôt que d’altérer la richesse d’un État. »
Cette source de première importance est loin d’avoir livré toutes les informations qu’elle contient. Citons par exemple le terme « dégénérescence utilisé à propose de l’État qui sera repris plus tard par Condorcet. » Un tel ensemble est aujourd’hui devenu très rare en mains privées ; il a appartenu à M. Thibault, « Conseiller d’État procureur général de la chambre des comptes ».
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